Covid, ou le sacré clandestin du « covidisme » à la « covidose »...

Résumé

Cet article examine la crise sanitaire et sociale liée à la pandémie planétaire de Covid-19 d'un point de vue anthropologique, en montrant que des catégories d’analyse fondamentales de l'anthropologie ont été mobilisées dans la réflexion qui a sous-tendu l’écriture de cet article, telles que la pureté/l’impureté qui constituent des tabous fondamentaux constitutifs de la plupart des sociétés archaïq ues ou contemporaines et qui établissent une ligne de démarcation symbolique entre ce qui est socialement acceptable et ce qui ne l’est pas. Dans cette contribution je m’attache en outre à démontrer que le caractère sacré des interactions (qui constituent le ciment symbolique de l’ordre social selon Erving Goffman) a été profané par des mesures sanitaires extrêmement strictes (port du masque, distanciation sociale, utilisation obligatoire du gel hydroalcoolique, caractèr e obligatoire et intrusif du passe sanitaire, etc.) qui ont été perçues à juste titre comme une atteinte aux libertés fondamentales des individus mais plus largement comme une violente remise en question de notre modèle de société et d’un certain art de vivre à l’extérieur, dans les terrasses et dans les rues. Je souhaite montrer aussi que le Covid est devenu une véritable idéologie (le Covidisme) qui s’est imposée insidieusement jusqu’à devenir incontournable et présider à nos destinées en restreignant peu à peu notre marge de manoeuvre et mê me une obsession névrotique, la Covidose que l’on peut rapprocher des fièvres obsidionales du Moyen-Âge et qui a fini par rendre les hommes et les femmes frappés de plein fouet par cette crise pandémique littéralement malades sur le plan de la santé mentale.